Notre prochaine réunion est fixée au mardi 14 avril.

Après diverses suggestions, nous retenons Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne, disponible en édition Folio. Claudine se propose pour en faire la présentation.

Le Café littéraire du 3 mars se déroule en trois temps.

Une première partie est dédiée à l’actualité littéraire.

Nous évoquons la mort d’André Brink, figure de la Littérature d’Afrique du Sud, auteur notamment de Une Saison blanche et sèche. Au passage une brève allusion à J.M. Coetzee, autre grand auteur sud africain dont le roman Disgrâce n’est pas sans rappeler La Tache, du moins pour le scénario initial (un professeur d’université est condamné par ses pairs pour avoir séduit une étudiante et transgressé ainsi le conformisme moral).

Petit salut aussi à Geneviève Dorman, auteur, entre autres, d’une biographie romancée de la mère de Victor Hugo, Le Roman de Sophie Trébuchet.

Nous partageons notre indignation et notre incompréhension face aux actes des combattants de Daech qui ont réduit en cendres 8000 livres rares et manuscrits conservés à la bibliothèque publique de Mossoul, en Irak, la nuit du dimanche 22 février 2015.

 

Le Salon du livre de Paris a choisi le Brésil comme invité d’honneur 2015 (http://www.salondulivreparis.com/Bresil-2015.htm). Nous sommes un peu à court de références à propos de la littérature brésilienne d’aujourd’hui, lacune à combler, sans doute…

 
Un petit temps pour revenir sur notre dernière séance, plaisir de la rencontre avec Josyane Savigneau, ainsi que sur le roman La Tache si riche qu’il justifie largement une (ou des ) relecture(s).

Signalons l’émission sur France 5 Numéro spécial de La Grande Librairie : Philip Roth, biographie d’une œuvre – jeudi 19 mars à 20h35.

 
Une seconde partie consiste à proposer nos livres et trouvailles « coups de cœur ». Valérie formule d’alléchantes propositions, parmi lesquelles on peut retenir : L’homme incertain de Stéphanie Chailloux ; Ric-Rac, de Arnaud Le Guilcher, l’écrivain le plus drôle de sa génération, dit-on ; L’ile du Serment, de Peter May ; Pardonnable, impardonnable, de Valérie Tong Cuong; Hippocrate aux enfers, Les médecins des camps de la Mort, de Michel Cymes…

 
Les lectures des membres du Café Littéraire sont autant d’invitations à la découverte. Quelques titres, en vrac, pour donner envie et partager les enthousiasmes : M.H. Lafon, Joseph pour les amateurs de beau langage; J. Rolin, Les Événements pour les curieux de politique fiction; V. Despentes, Vernon Subutex parce que Virginie en a fini avec la provocation et le hard; Les rêveurs lunaires, du dessinateur Baudoin et du mathématicien Cédric Villani, pour les amateurs de BD et curieux des mathématiques (un des quatre personnages de cette BD  est le physicien Werner Heisenberg qui est aussi au centre du roman philosophique Le principe de Jérôme Ferrari); Fin de mission, un recueil de douze nouvelles « coups de poing », de Phil Klay emmène le lecteur sur les lignes de front de l’Irak et de l’Afghanistan (National Book Award 2014) ; et encore le Fémina Étranger, Ce qui reste de nos vies de la romancière israélienne Zeruya Shalev; et bientôt Temps Glaciaires parce que Fred Vargas n’en a pas fini avec le commissaire Adamsberg…

 
Aline a généreusement traduit les passages en espagnol du roman de Lydie Salvayre, Pas pleurer (Seuil), Goncourt 2014, et les met à disposition. Merci pour cette belle initiative !

 
La troisième partie de la séance est consacrée à l’ouvrage d’Olivier Rolin, Le Météorologue, paru en sept 2014 aux éditions du Seuil.

Anny nous propose une présentation de l’auteur, du travail de longue haleine qu’a entrepris Rolin pour écrire cette histoire. En 1934, Alexeï Feodor Vangengheim, brillant expert des climats du cercle polaire, membre actif du Parti communiste, est injustement accusé de sabotage parce qu’il a écrit un article scientifique avec un collègue suédois et oublié de mentionner Staline ou Lénine (p. 58). Le météorologue est interné dans le goulag des îles Solovski, puis lâchement exécuté.

La lecture de courts passages permet de souligner les spécificités de cet ouvrage : le caractère lumineux de ce récit, le questionnement qui traverse toute la période de l’enfermement, à savoir « comment un éminent scientifique peut-il croire encore à une idéologie qui aboutit à la grande terreur ?», les émotions que suscite cette période terrible, la profonde humanité de l’écriture de Rolin.

La discussion porte, entre autres, sur l’approche subjective de bon nombre d’historiens d’aujourd’hui. En effet Rolin a choisi d’être un protagoniste des événements qu’il rapporte, de nous faire partager ses démarches, ses réflexions, ses sentiments. Avec lui, on reconstitue pas à pas un scrupuleux itinéraire de mémoire.

Nous ne manquons pas d’apprécier la reproduction, en fin de volume, de magnifiques dessins et pages d’herbier que Le Météorologue a envoyé à sa fille aux fins de participer, par correspondance, à son éducation.

Rolin ne peut accepter qu’une révolution ayant pour objet « un avenir radieux » (p. 195) génère « l’inhumain » ; pas plus qu’il ne peut supporter le fait qu’on n’en parle pas « l’histoire de cet aveuglement est connue de tous ceux qui veulent bien se donner la peine de se renseigner » (p. 200). L’auteur s’indigne du fait que ces moments terrifiants semblent encore aujourd’hui quasi ignorés… pourtant les procédés d’accusation, les stratégies dictatoriales, les délations, les mécanismes de destruction et d’enfermement des opposants au régime, quel qu’il soit, sont toujours d’actualité ici ou là.

Rolin avait déjà fait un film « Solovki – La bibliothèque disparue », diffusé sur Arte, où il part à la recherche de traces de la bibliothèque du goulag des îles Solovki, 30 000 volumes dont des livres rares rassemblés par les déportés, disparue après la fermeture du camp en 1939.

Café Littéraire : Compte-rendu de notre réunion du 3 mars 2015