Agenda

Le 4 avril 2023, nous nous associons au programme du centenaire de la mort de Pierre Loti proposé par la municipalité de St Pierre d’Oléron ; nous lirons Aziyadé et, au gré des interventions, partagerons nos lectures ou relectures : Le Roman d’un Spahi, La Maison des Aïeules, Voyages, etc.

Le samedi 1 avril, à la médiathèque (horaire à confirmer), nous sommes invités à dialoguer avec le romancier Nedim Gürsel à propos de son dernier roman Voyage en Iran (Actes Sud, 2022).

On a lu, on lira

Les Sources, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, (2023) ;
Pleine et Douce, Camille Froidevaux-Metterie, édit. Sabine Wespieser, (2023) ;
C’était notre Terre, Mathieu Belezi, Livre de Poche, (2010) ;
Notre Père la Forêt, Anatoli Kim, édit. J. Chambon, (2020).

Athos Le Forestier (2015, édition Cambourakis)

Cette séance de découverte de la littérature grecque contemporaine via le roman de Maria Stefanopoulou a un bon goût d’improvisation collective puisque notre présentatrice est hélas empêchée.
Nos impressions relèvent majoritairement de la déception : roman touffu, événements difficiles à suivre, réflexions inachevées, style verbeux, c’est peu dire que cette lecture ne répond pas à nos attentes. Pourtant Athos, le personnage principal, aurait mérité qu’on s’y attache. En effet, le roman s’inspire d’abord de faits historiques, le massacre de Kalavryta en 1943 et la guerre civile de 1946 à 1949 qui a opposé les Grecs nationalistes et communistes. Il suit, peu ou prou, le parcours de vie d’Athos, le résistant qui a échappé au massacre. Seul rescapé, traumatisé par l’exécution des hommes de son village par les soldats allemands, il s’enfuit dans la forêt laissant seules sa femme Marianthi et sa fille Margarita. Loin de tout désir de vengeance, Athos le Forestier cherche la paix dans le silence des arbres. Pourtant, ce scénario de premier plan se complique à souhait dès lors que Maria Stefanopoulou imagine les petite-fille, Lefti, et arrière-petite-fille, Iocasta, ayant laissé des écrits ; elles ont voulu comprendre comment la violence s’exerce et se perpétue ; d’où l’imbroglio des rencontres et des points de vue. Or, l’Histoire est incomplète ; chacun des (trop nombreux) protagonistes affronte les creux de la mémoire : Les inexactitudes, la désinformation, la dissimulation des fautes, /… / la vérité n’arrange personne (p. 95). Chacun raconte et revit l’histoire à sa façon. Certains personnages ne sont même pas certains d’exister ! D’autres nous perdent dans des propos abscons ; par exemple, écoutons Athos (p. 264) « Je ne vis pas. Je suis un survivant /…/ je voulais que ma mort et mon salut deviennent une vie intérieure comme la sève qui coule dans le tronc d’un arbre ».
Le propos de l’autrice, très hétéroclite, ne parvient pas à questionner l’Histoire ; on passe de discours sur la sagesse des arbres, le bien-être dans la solitude des forêts, à des interrogations à peine esquissées sur les conflits internationaux, les rivalités politiques, la question de la responsabilité ou le bien-fondé des commémorations… Et lorsqu’elle imagine Athos enfonçant des glands sortis du fond de sa poche (p.117) pour générer ainsi la mémoire éternelle des arbres centenaires, on préfère penser qu’elle n’a pas plagié Giono mais rendu hommage à Elzéard Bouffier.
Curieusement, le « roman parabole » Notre Père la Forêt, de l’auteur russe Anatoli Kim, cité ci-dessus, nous propose un fil conducteur approchant ; citons la présentation de l’éditeur : Dans un monde promis à la destruction, le Père-forêt, l’arbre à l’origine de l’humanité, assiste en spectateur impuissant et las à la folie meurtrière et aux souffrances de ses enfants, dont Nikolaï, l’ermite philosophe, Stépan, le survivant des camps de la mort. On en reparlera …

Café littéraire du 21 février 2023 : Athos le Forestier, de Maria Stefanopoulou