Le Café Littéraire propose une rencontre avec Marie-Hélène Lafon, le samedi 14 mai, à 18 h (horaire à confirmer). L’auteur lira des extraits de ses romans et nouvelles (voir le site de son éditeur http://www.buchetchastel.fr/fiche-auteur146/marie-helene-lafon) et échangera avec les participants. Nous avions découvert son Joseph, lors de la venue de Stéphanie Chailloux (voir CR du 12 mai 2015). N’hésitez pas à inviter vos proches pour partager ce plaisir !

 

A propos du calendrier à suivre :

* Mardi 7 juin, nous accueillerons Martine Storti pour son essai Sortir du manichéisme, des roses et du chocolat (Ed. Michel de Maule, 2016). Vous pouvez d’ores et déjà en apprécier la teneur via divers articles sur le web, par exemple, Le Monde http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/02/l-emancipation-des-femmes-n-est-pas-un-enjeu-identitaire_4875223_3232.html ou la Revue 50/50 http://www.50-50magazine.fr/2016/04/11/martine-storti-sortir-du-manicheisme/

* Mardi 5 juillet : cette dernière séance de la saison 2015-2016 sera pleine de surprises.

 

A propos de nos lectures :

La récente mort de l’écrivain américain Jim Harrison est l’occasion d’évoquer les livres que nous avons aimés, entre autres, Un bon jour pour mourir (1973), Légendes d’automne (1979), Dalva (1988), Retour en terre (2007) ou encore Une odyssée américaine (2008).

Idem avec la récente parution dans La Pléiade des romans de Mario Vargas Llosa, prix Nobel de Littérature en 2010.

 

D’autres titres à partager, reflets des goûts éclectiques des membres du Café Littéraire :

* D’actualité, et souvent recommandé dans les écoles de management internationales, un ouvrage paru en 1716, L’Art de négocier sous Louis XIV de François de Callières (Nouveau Monde éditions). L’auteur propose sa conception sur le désordre du monde et sur le remède que la négociation peut apporter.

* Avec Chemin de tables (Seuil), Maylis de Kerangal publie un roman (?) sur le métier de cuisinier. On avait déjà apprécié Naissance d’un Pont (Prix Médicis 2010) ou Réparer les Vivants (2014, Ed. Verticales)

* Le dernier Nancy Houston, Le Club des miracles relatifs (Actes Sud, avril 2016)

* Le dernier Annie ErnauxMémoire de fille (Gallimard, mars 2016)

* Le Grand Marin (Ed. de L’Olivier), l’époustouflant premier roman de (la plus toute jeune) Catherine Poulain, qui sera vendredi 29 avril à La Rochelle, à la librairie Les Saisons.

 

Nous pourrons rencontrer, les 23 et 24 avril, les auteurs présents à Cita’ Livres, dont Yann Queffelec et Eric Holder qui sera aussi présent à la Médiathèque de St Pierre, le jeudi 21 à 18h, pour une rencontre animée par Jean Pierre Lecoq. Tout le programme sur http://www.citalivres.com/.

 

Lors du Festival au Pays de Pierre Loti, on aura, vendredi 6 mai, à Saint-Denis, un Concert-Lecture. Loïc Corbery de la Comédie-Française lira Loti, Textes extraits du Roman d’un enfant et de Prime Jeunesse et Proust, Textes extraits de A la Recherche du temps perdu et de Les Plaisirs et les Jours.

 

Il est temps de rencontrer Diderot.

Nous aurons l’opportunité d’échanger, la saison prochaine, avec une biographe de Diderot, Sophie Chauveau (Diderot, le Génie débraillé, Folio), également auteur de biographies de peintres ; et nous attendons la sortie de son roman La fabrique des pervers (Gallimard, mai 2016).

 

Anny nous présente un Diderot libre, original et habile à aborder, à travers une correspondance de trente ans avec son amie et alter ego Sophie Volland, des sujets philosophiques et des questions de société qui pourraient aisément figurer dans une publication d’aujourd’hui tant le bougre a la pensée piquante et le verbe alerte.

Grâce à la lecture d’extraits des Lettres à Sophie Volland, ainsi que de citations empruntées à l’ouvrage de Chauveau, nous découvrons avec gourmandise un Diderot audacieux, souvent drôle, bien loin de l’image que d’aucuns ont gardé de lectures scolaires. Pour donner le ton, par exemple, « Ô la sotte condition des hommes ! Mariez-vous, vous courez le risque d’une vie malheureuse, ne vous mariez pas vous êtes sûr d’une vie dissolue et d’une vieillesse triste. Ayez des enfants, ils sont plats, sots, méchants, et vous commencez par vous en affliger et finissez par ne plus vous en soucier. N’en ayez point, vous en désirez. Ayez-en d’aimables, le moindre accident qui leur survient vous trouble la tête ; vous vous levez du matin, vous vous asseyez à votre bureau pour travailler, rien ne vous vient. Et voilà précisément le rôle que je fais. »

Quant à la lettre du 18 juillet 1762, elle vaut à elle seule son pesant d’or : « Une fille de trente-deux à trente-trois ans, qui a de l’esprit, du courage, de l’expérience, de la santé/…/ maîtresse d’elle-même. Elle a jeté les yeux sur un homme de quarante ans /…/ voici le discours qu’elle lui a tenu /…/

ce dont il s’agit c’est d’avoir la complaisance de me faire un enfant. Voyez monsieur, si vous voulez me rendre ce service. /…/ je ne demande rien de vous qu’un atome de vie /… : je ne cacherai point ma grossesse…».

 

La lecture de Jacques le Fataliste n’a pas, semble-t-il, suscité un enthousiasme excessif dans le cercle des présents. D’aucuns déplorent cet air d’inachevé ; d’autres ont peiné à franchir quelques longueurs. On apprécie volontiers l’histoire de Madame de La Pommeraye, qui constitue à elle seule un bref roman et révèle les talents de conteur de Diderot. Pourtant, ce qui fait la singularité de cet écrit, les ruptures dans le récit, les enchâssements d’histoires dans l’histoire que Jacques entreprend de raconter à son Maître, la feinte connivence que l’auteur offre à son lecteur, bref, cette structure non linéaire agace plus qu’elle ne séduit.

On reconnaît à Diderot sa culture encyclopédique, son art d’aborder moult sujets scientifiques, artistiques, philosophiques et de société, dont là encore la modernité étonne. Le couple maître et valet chemine et cette démarche buissonnière est prétexte à toutes les digressions. Elle permet à Diderot de soutenir une idée et son contraire, d’argumenter et de réfuter, d’apporter librement son grain de sel en acceptant d’être interrompu, parce que « devant le train du monde /…/  je ne crois ni ne décrois ».

Nous échangeons plus longuement sur le leit-motiv « Tout ce qui nous arrive ici-bas était écrit là-haut ». S’agit-il de penser que les lois qui gouvernent le monde empêchent d’être libre ? Voilà encore une question bien proche des fondements théoriques des neurosciences contemporaines… De fatalisme en déterminisme, de matérialisme en athéisme, de Spinoza à J.P. Changeux (L’homme Neuronal), notre Diderot nous emmène sans doute bien au-delà de ce que notre lecture ou relecture personnelle avait d’abord soulevé.

Nous voilà parés pour la conférence UTL du lundi 9 mai, quasi prêts à « disputer » avec Gerhardt Stenger qui nous parlera de Diderot, le combattant de la liberté.

Compte-rendu du café littéraire du 12 avril 2016