La prochaine séance du Café Littéraire est fixée au mardi 10 janvier 2017 ; on lira Marcel Proust (pour plus de précisions, se reporter au CR du 15 novembre 2016).

Bonnes fêtes à tous, peut-être en compagnie de vos écrivains préférés !

 

Une soirée avec Josyane Savigneau

C’est comme journaliste, critique littéraire, membre du jury du Prix Femina, mais aussi «oléronaise», que Josyane Savigneau répond à l’invitation du Café Littéraire pour son dernier ouvrage La passion des écrivains, Rencontres et portraits (Gallimard, 2016). Nous avions déjà eu le plaisir de l’accueillir lors de la parution de son essai Avec Philip Roth (voir CR du 3 février 2015).

Josyane Savigneau évoque dans un premier temps la démarche de son éditeur et sa propre réticence initiale à publier des entretiens déjà parus, quelle que soit la pertinence des commentaires qu’elle pourrait y apporter a posteriori. Or, au final elle se réjouit de constater que cette série d’entretiens incite à lire ou à relire des auteurs, à découvrir des personnalités qui comptent dans le monde de la culture. Et c’est effectivement ce qui s’est passé : au fil des pages nous sommes allés à la rencontre des écrivains, comme si nous était offerte l’occasion de vivre quelques moments singuliers en leur intime compagnie.

La soirée prend le ton d’une conversation fort enjouée dès lors que Josyane Savigneau interpelle le cercle des lecteurs et y fait écho en livrant sans barguigner un supplément d’anecdotes, une sorte de making off. La curiosité des uns porte sur les personnalités, celle de Philippe Sollers, ou celle de Simone de Beauvoir («une voix de Que Sais-je» qui n’altère en rien l’admiration et le respect que lui porte J. Savigneau), celle de Françoise Giroud («une affolée de la représentation sociale»), celle de Salman Rushdie («si zen alors même que l’entretien se déroulait dans des conditions plus que tendues»), ou encore celle de Jérôme Lindon («le radin qui invite au restaurant le Sybarite !»), et encore «l’univers singulier» des nouvelles d’Eudora Welty, et tant d’autres… Lorsqu’on évoque le choix d’Ernst Beyeler, J. Savigneau souligne l’impérieuse nécessité du plaisir esthétique. Lorsqu’on s’étonne de l’absence de certaines plumes célèbres, J. Savigneau complète son avant-propos «j’aime tous ceux qui ont une certaine folie, affichent leur narcissisme et leur mégalomanie» et déclare «je suis séduite quand les gens s’ouvrent». Bref, il s’agit bien de «passion». Si cette galerie a été nécessairement restreinte à vingt-neuf portraits, elle est le fruit d’entretiens qui ont chacun constitué des moments rares dont Josyane Savigneau nous livre quelques traits. Citons la rencontre avec Patricia Highsmith (« l’entretien préféré ») quasi conforme à l’atmosphère de ses débuts de romans; et bien sûr celle avec Pierre Bergé, notre mécène local; nous apprenons dans le fil de la conversation que son ami Yves St Laurent était un proustophile convaincu…

Josyane Savigneau nous fait part de ses préférences, réticences et découvertes personnelles à propos des ouvrages récemment primés, le tout accompagné de quelques petits secrets de cuisine des prix littéraires. On égrène les avis de lecteurs à propos des Femina, Goncourt et autre Landerneau; on parie sur ceux dont Jean Paulhan aurait dit « c’est un livre que c’est pas la peine » (sic !) ; on se promet de lire Au commencement du Septième Jour (Stock, 2016) le dernier Luc Lang, et Règne Animal de Jean Baptiste Del Amo (Gallimard, 2016) quitte à détester à jamais le jambon, et encore L’odeur de la Forêt d’Hélène Gestern (Ed. Arléa, 2016), ce pour partager un peu plus les enthousiasmes de notre oratrice passionnée.

Bref, ce fut une belle rencontre; Josyane Savigneau reviendra, c’est promis.

 

On remercie très sincèrement l’équipe de la Médiathèque pour son accueil sans faille.

Compte-rendu du Café Littéraire du 29 novembre 2016