Rendez-vous lundi 15h00 à l’Eldorado, Saint-Pierre-d’Oléron, pour la conférence hebdomadaire, ouverte à tous et suivie du pot de l’amitié, pour poursuivre le débat ou bavarder, en toute convivialité.

Abonnés : gratuit. Adhérents : 5 €. Non adhérents : 7 €

1/2 tarif pour les demandeurs d’emploi

Accès aux personnes à mobilité réduite


30 septembre 2019 à 20h30 — Les inventions de Léonard de Vinci

Par Patrick Boucheron

FIG 2016 - Patrick Boucheron 01Les nombreuses célébrations autour du 500ème anniversaire de la mort du génie de la Renaissance ont prouvé s’il en était besoin que le peintre-architecte-ingénieur florentin exerçait toujours la même fascination sur les esprits du XXIème siècle.

Historien médiéviste, professeur à Paris I Sorbonne ; depuis 2015 président du conseil scientifique de l’École française de Rome, et professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d’histoire des pouvoirs en Europe occidentale (XIIIe -XVIe siècle) ; également, entre autres activités, producteur de l’émission « Matière à penser » sur France Culture, Patrick Boucheron nous fait l’honneur d’inaugurer le dixième cycle de conférences

Matière à penser, c’est à coup sûr ce que nous offrira sa conférence


7 octobre 2019 — Jacques Derrida, un philosophe dans le siècle

Par Benoît Peeters, écrivain, scénariste et professeur à l’Université de Lancaster

Portrait Jacques DerridaÉvoquer la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c’est raconter l’histoire d’un petit juif d’Alger qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde.

C’est faire revivre des mondes aussi différents que l’Algérie d’avant l’indépendance, le microcosme de l’École normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l’après-68.

C’est évoquer une exceptionnelle série d’amitiés avec des écrivains et philosophes de premier plan, C’est reconstituer une non moins longue série de polémiques, riches en enjeux mais souvent brutales. C’est retracer une série d’engagements politiques courageux.

C’est relater la fortune d’un concept – la déconstruction – et son extraordinaire influence, bien au-delà du monde philosophique, sur les études littéraires, l’architecture, le droit, la théologie, le féminisme, les queer studies et les postcolonial studies.


14 octobre 2019 — Oléron : un territoire vulnérable ?

Par Jonathan Musereau, docteur en géographie, spécialisé dans l’étude des tempêtes et de l’érosion marine

TempêteDésormais ancré dans notre quotidien et source de préoccupations accrues, le réchauffement du climat n’est plus une affaire de projections discutables ou de débats complexes au sein de la communauté scientifique. Année record après année record, en l’espace de 40 ans, notre environnement a déjà considérablement changé. Nous venons simplement de passer le seuil du premier degré « en trop ».

Cette intervention propose un état des lieux sur la question. Où en sommes-nous ? A quoi s’attendre ? Quelles en sont les conséquences prévisibles ? A l’échelle du Monde, de la France et bien entendu au niveau du territoire oléronais. Ici comme ailleurs, le futur tel qu’il est modélisé nous dirige vers des bouleversements que nous devons anticiper. Parmi les risques encourus, et suite au traumatisme de la tempête Xynthia, celui des submersions et de la pénurie d’espace focalise notre attention. Érosion et pénurie de sable, sécheresses et pénurie d’eau, feux de forêts sont aussi à l’ordre du siècle. A multiplier les enjeux durant les dernières décennies (urbanisation galopante, tourisme incontrôlé, pêche, agriculture et aquaculture intensives, etc…), nous avons rendu notre île plus vulnérable que jamais.

Est-il trop tard ? Espérons que non. Mais cela suppose de ne plus s’en référer à une solution miracle venue d’en haut, dont les atermoiements rappellent peu ou prou la « politique de l’autruche ». De COP en COP, les objectifs sont de plus en plus ambitieux et vertueux. Dans le même temps, la courbe des émissions de gaz à effet de serre n’a de cesse d’augmenter et les effondrements écosystémiques de se concrétiser. Pour éviter l’irréversible, une démarche citoyenne et une remise en question de nos modes de vie s’imposent. Nous sommes tous concernés ;  nous avons encore les cartes en main mais peu de temps pour agir…


4 novembre 2019 — Le Greco : une audace de style et de couleurs

Par Fabrice Conan, diplômé de l’École du Louvre

Crucifixion - musée du Prado

Né en 1541 ce peintre d’origine crétoise fonda à la Renaissance l’école espagnole. Formé aux images de l’école byzantine très codifiées et hiératiques, il passe à Venise où la grâce du Titien et les couleurs du Tintoret le marquent, puis à Rome, où il admire l’élégance et la force de Michel-Ange. Apportant un souffle créatif, une audace picturale et des couleurs étourdissantes, il fait entrer la peinture des années 1570 dans une époque nouvelle, une avant-garde sans précédent, peut-être trop moderne pour ses contemporains. Greco est un insatiable inventeur de formes, mettant au point des compositions innovantes et audacieuses sur lesquelles il n’aura de cesse de revenir tout au long de sa carrière, variant les effets, les moyens plastiques, les intentions de son discours. L’indépendance assurée de son approche n’a d’égale que la liberté eclectique de sa palette et de son pinceau.

Oublié jusqu’à sa redécouverte par les Romantiques du XIXe siècle, il est reconnu et admiré par les avant-gardes du début du XXe siècle. Cet insatiable inventeur de formes relie le Titien aux Fauves, le maniérisme au cubisme, à l’expressionnisme, à l’abstraction.

La grande rétrospective parisienne1 de cet hiver met en perspective ce talent à part, aujourd’hui reconnu comme un maillon essentiel de l’histoire de l’art.

1Paris, Grand Palais, 21 octobre 2019 / 10 février 2020


14 novembre 2019 — Oléron : un territoire vulnérable ?

Par Jonathan Musereau, docteur en géographie, spécialisé dans l’étude des tempêtes et de l’érosion marine

TempêteDésormais ancré dans notre quotidien et source de préoccupations accrues, le réchauffement du climat n’est plus une affaire de projections discutables ou de débats complexes au sein de la communauté scientifique. Année record après année record, en l’espace de 40 ans, notre environnement a déjà considérablement changé. Nous venons simplement de passer le seuil du premier degré « en trop ».

Cette intervention propose un état des lieux sur la question. Où en sommes-nous ? A quoi s’attendre ? Quelles en sont les conséquences prévisibles ? A l’échelle du Monde, de la France et bien entendu au niveau du territoire oléronais. Ici comme ailleurs, le futur tel qu’il est modélisé nous dirige vers des bouleversements que nous devons anticiper. Parmi les risques encourus, et suite au traumatisme de la tempête Xynthia, celui des submersions et de la pénurie d’espace focalise notre attention. Érosion et pénurie de sable, sécheresses et pénurie d’eau, feux de forêts sont aussi à l’ordre du siècle. A multiplier les enjeux durant les dernières décennies (urbanisation galopante, tourisme incontrôlé, pêche, agriculture et aquaculture intensives, etc…), nous avons rendu notre île plus vulnérable que jamais.

Est-il trop tard ? Espérons que non. Mais cela suppose de ne plus s’en référer à une solution miracle venue d’en haut, dont les atermoiements rappellent peu ou prou la « politique de l’autruche ». De COP en COP, les objectifs sont de plus en plus ambitieux et vertueux. Dans le même temps, la courbe des émissions de gaz à effet de serre n’a de cesse d’augmenter et les effondrements écosystémiques de se concrétiser. Pour éviter l’irréversible, une démarche citoyenne et une remise en question de nos modes de vie s’imposent. Nous sommes tous concernés ;  nous avons encore les cartes en main mais peu de temps pour agir…

Il n’y a pas d’erreur dans le programme ! La conférence du 14 octobre ayant été fort courue, de nombreuses personnes n’ont pu y assister car la salle était pleine. Il s’agit donc d’une deuxième édition de la conférence de Jonathan Musereau, qui nous fait la faveur de venir une seconde fois pour aborder ce sujet qui visiblement vous tient à cœur.


18 novembre 2019 — Jean Giono et le pacifisme intégral

Par Nicole Pellegrin

Eugène Martel Portrait de Jean Giono en 1937

Fils d’un cordonnier haut-provençal, Jean Giono (Manosque 1895-1970) a « fait » les Eparges, Verdun, la Somme, le Chemin des Dames… comme radio-télégraphiste au 140e RI (relire les lettres de guerre et le roman Le Grand troupeau, 1931). Il en est revenu « sans avancement, sans décoration, sans avoir tué personne ».

Cette expérience du « bétail humain » nourrit un engagement pacifiste radical et l’ensemble de son œuvre de romancier-conteur (par exemple Un roi sans divertissement,1947) et d’essayiste (Refus d’obéissance,1937, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, 1938 etc…)

Nicole Pellegrin, professeur à l’université de Poitiers et chargée de recherche au CNRS est spécialiste de l’anthropologie historique du XVIe au XIXe siècle.


25 novembre 2019 — Victor Segalen, artiste attentif à la diversité du monde

Par Colette Camelin

Victor Segalen Nouméa 1904

La brève vie de Victor Segalen (1878-1919), médecin de marine, sinologue, archéologue et poète nous intéresse aujourd’hui d’abord par son « attention » à ce qui est « lointain », « divers » et « beau ».

En Polynésie, il imagine la confrontation de l’ancienne civilisation maorie avec le christianisme dans son premier livre Les Immémoriaux. En poste en Chine pendant cinq ans, il apprend le chinois, organise deux « équipées » qui l’ont mené jusqu’aux marches du Tibet. Au cours de la seconde, une mission archéologique, il localise notamment le tumulus de Quin Shi Huangdi où l’on découvrira l‘armée de terre cuite.

Il poursuit son œuvre créatrice en relation avec ses expériences intensément vécues (Stèles, Peintures, Équipée, René Leys).

Mais la guerre brise ce processus : médecin à l’hôpital militaire de Brest et sur le front des Flandres, il affronte les terribles effets de la guerre industrielle sur les corps humains. En tant qu’artiste, il tente de résister aux « destructions » par ses créations, mais, épuisé, il meurt en mai 1919.

Colette Camelin est professeur émérite de Littérature française du 20e siècle à l’Université de Poitiers et présidente de l’Association Victor Segalen.


2 décembre 2019 à 20h30 — Nos ancêtres les migrants

Par Martine Derrier et  Gérard Noiriel, avec les conseils de Michel Quidu

Nos ancêtres les migrantsCette conférence gesticulée reprend, sous une forme ludique et condensée, les analyses développées par Gérard Noiriel dans son livre sur l’histoire populaire de la France.

Le but est de rappeler que les migrations ont été une dimension essentielle de notre histoire commune, un facteur fondamental dans le progrès des civilisations.
La population française a été constamment renouvelée depuis l’Antiquité par l’arrivée de migrants. Ces nouveaux venus ont souvent été victimes de discriminations, mais ceux qui sont restés ont fini par se fondre dans le « creuset français ».

La conférence accorde aussi une place importante aux bouleversements qui se sont produits au XXe siècle en raison de la « nationalisation » des sociétés : le durcissement des frontières, les papiers d’identité, la montée des discours xénophobes et racistes ont rendu plus difficile la situation des migrants, comme le montre, hélas, notre actualité.

La conférence fait passer des connaissances de façon ludique avec des dialogues, du jeu, des marionnettes, des chansons, l’utilisation d’images d’archives.


9 décembre 2019 — Un ethnologue à la découverte du Brésil : Claude Levi-Strauss

Par Gaël de Graverol

En 1935, Claude Levi Strauss embarque pour le Brésil afin d’y enseigner la sociologie à l’Université de Sao Paulo. Le jeune agrégé de philosophie saisit ainsi cette opportunité de partir à la découverte de nouveaux horizons pour accomplir son désir de « faire de l’ethnographie ». Ce premier séjour sera l’occasion de faire connaissance avec le pays, l’histoire de son peuplement, de croiser les destins contrastés des pionniers de toute origine venus chercher fortune dans ce vaste espace encore si vierge d’hommes, avant de fixer son intérêt sur les peuples de l’Amazonie. C’est là, au cœur de la selva, la forêt vierge, chez les Indiens Bororo et Nambikwara, que l’auteur de Tristes Tropiques trouvera la matière première de ses études sur la parenté, les mythes, le rapport nature/ culture qui nourriront ses grandes réflexions sur l’humanité, les sociétés et leur devenir.

La conférence initialement prévue, sur la naissance de l’écriture, a dû être reportée en raison de la grève. Elle sera à nouveau programmée au cours du cycle 2020-2021.


16 décembre 2019 — Le développement durable est-il compatible avec l’économie de marché ?

Par Christian Bouquet

Chrisitan Bouquet

Fruit de la COP21, l’Accord de Paris a été signé en décembre 2015 par 195 États et ratifié par 169 pays représentant 83 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais, si cet accord est presque universel, il n’est toujours pas contraignant et aucune mesure n’est prévue pour obliger les industriels à respecter l’environnement, donc à mettre en place des dispositifs visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En effet, ces mesures risquent de coûter cher et de mettre en danger la compétitivité de certaines entreprises, ou de condamner celles qui exploitent les énergies fossiles. C’est pourquoi un chef d’État comme Donald Trump a décidé de s’affranchir des règles de la COP 21 en juin 2017, allant jusqu’à se montrer sceptique quant à la réalité du réchauffement climatique.

On mesure donc les difficultés qu’il y aura à équilibrer les trois piliers du développement durable tels qu’ils avaient été définis lors du Sommet de Rio en 1992. Le modèle économique qui prévaut actuellement sur l’ensemble de la planète est-il viable au plan environnemental et équitable au plan social ?

Pour contribuer à répondre à cette question, plusieurs exemples choisis dans les contextes africains seront analysés, notamment la sécurisation des terres et l’accès à l’eau potable.

Christian BOUQUET est professeur émérite de géographie politique à l’Université Bordeaux Montaigne et chercheur au laboratoire LAM (Les Afriques dans le Monde) de Sciences Po Bordeaux. Il a créé en 2016 l’atelier de cartographie électorale africaine au LAM de Sciences Po Bordeaux. Il est l’auteur d’une centaine d’articles scientifiques et d’une dizaine d’ouvrages spécialisés dans les questions de géographie du développement et de géopolitique africaine.