Toutes les activités de l’UTL sont évidemment suspendues pour la durée du confinement. Les conférences annoncées sur cette page pour les mois de novembre et décembre n’auront donc pas lieu, nous nous efforcerons de les programmer à nouveau ultérieurement.
Rendez-vous lundi 15h00 à l’Eldorado, Saint-Pierre-d’Oléron,
pour la conférence hebdomadaire, ouverte à tous.
Abonnés : gratuit. Adhérents : 5 €. Non adhérents : 7 €
1/2 tarif pour les demandeurs d’emploi
Accès aux personnes à mobilité réduite
5 octobre 2020 – L’homme est-il un animal comme les autres ?
par Georges Chapouthier, directeur de recherche émérite au CNRS
Au cours de l’histoire, les conceptions de l’animal ont oscillé entre un être similaire à l’homme, voire aux dieux, et un animal-objet, esclave de l’homme.
La conception scientifique moderne fait des animaux des êtres proches de l’homme sans lui être cependant identiques. Cette proximité se manifeste dans des traits naturels, puisque les hommes vivent, souffrent et meurent comme les (autres) animaux, mais aussi dans des traits culturels, puisque certains animaux ont des mémoires, fabriquent des outils, montrent des préférences morales ou esthétiques et disposent d’aptitudes conscientes.
Il reste cependant à l’homme des aptitudes intellectuelles originales et exceptionnelles, qui lui donnent aussi une grande responsabilité morale dans le traitement de ses cousins animaux.
Georges Chapouthier possède une double formation de biologiste et de philosophe et a écrit de nombreux livres sur le cerveau et sur les animaux.
12 octobre 2020 – La grippe espagnole
par Laura Spinney, journaliste scientifique
On dit souvent que le XXe siècle était le siècle de la guerre totale. la plus grande catastrophe du dernier siècle ne fut cependant pas une guerre mais une pandémie. La grippe dit « espagnole » de 1918-21 a frappé 500 millions de personnes – un tiers de l’humanité – et en a tué au moins 50 millions, soit trois fois plus que la Grande Guerre. Aucun coin de la terre, ou presque, n’a échappé au fléau qui confondait tous les médecins du monde à l’époque. Malgré les recherches approfondies qui ont été menées à son sujet depuis un siècle, beaucoup de mystères l’entourent toujours.
Où et qui était le patient zéro ou premier cas – était-il vraiment espagnol ? Pourquoi les jeunes adultes y étaient-ils particulièrement sensibles ? Pourquoi la grippe espagnole fut-elle de loin la plus meurtrière des 15 pandémies grippales qui ont secoué le monde depuis 500 ans ? La guerre qui faisait rage en même temps a-t-elle joué un rôle ? Ou encore, la question que tout le monde se pose actuellement, pendant qu’un coronavirus parcourt la terre, une autre pandémie de la même ampleur est-elle possible ?
Laura Spinney, journaliste scientifique, auteure de La Grande Tueuse : comment la grippe espagnole a changé le monde (Albin Michel 2018), racontera l’histoire de cette catastrophe mal connue et tentera de répondre à ces questions avec les informations les plus récentes.
2 novembre 2020 – Naufrages, pillages et sauvetages sur les côtes oléronaises, XVIIIe et XIXe siècles
par Thierry Sauzeau, professeur d’histoire moderne à l’université de Poitiers et membre du Criham (centre de recherches interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie)
Avant la création du port de La Cotinière, l’île d’Oléron était une île de terriens. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les insulaires étaient occupés à tirer leur subsistance de la terre, des marais ou de l’estran. Ils voyaient passer au large de leurs côtes, très fréquentées, les navires de commerce cinglant vers Bordeaux, La Rochelle, l’Europe ou les Outre-mers. Bardés de roches et de bancs de sable, les rivages oléronais étaient familiers des marins mais dangereux pour la navigation, en des temps où les navires étaient mus par le vent, la localisation déterminée à l’estime et les repères à la côte encore assez aléatoires. Quant au commerce maritime de l’île, il était très déséquilibré : le sel et les vins d’Oléron étaient chargés par des navires français et étrangers qui ne déchargeaient pas grand-chose dans l’île, tant les consommateurs y étaient peu fortunés. Enfin, avant les programmes de plantation des dunes, le bois était rare sur Oléron.
Dans de telles circonstances, les naufrages étaient assez courants et tout naufrage était une aventure autant qu’une aubaine. Il mettait la société insulaire au défi de la solidarité avec les naufragés. Il apportait à la côte tout ce dont manquaient les insulaires : les matériaux, les denrées, les produits rares et chers qui se retrouvaient échoués sur les plages, disponibles pour qui voudrait bien les ramasser. Il mettait également la puissance publique au défi d’encourager les sauveteurs et de réprimer les cueilleurs, qualifiés de pilleurs.
9 novembre 2020 – Les Inuit de Siorapaluk
par Jocelyne Ollivier-Henry, ethnographe, seule femme occidentale à séjourner à Siorapaluk, village le plus septentrional du Groenland
Jocelyne Ollivier-Henry, ancien professeur d’Education Physique, fréquente en 1974 l’Université de Montréal et le Centre d’études arctiques, où elle étudie l’ethnologie et la nutrition. En 1979 elle part à la découverte du Groenland. Successivement elle étudie les dialectes, la nourriture traditionnelle, les réactions physiologiques de la femme dans les régions polaires….
Elle a séjourné plus de quinze ans dans le village de Siorapaluk et partage désormais sa vie entre Bretagne et Groenland.
A Siorapaluk, vivent les Inuit du pôle. A 78° de latitude, ce village est le plus septentrional du Groenland, sa population est de 45 habitants.
Jocelyne Ollivier-Henry retrace l’Histoire des Inuit, des premières migrations à nos jours. Ellle évoque au rythme des saisons, la flore, la faune, la vie quotidienne des chasseurs et de leurs familles dans un environnement hostile, la chasse aux mammifères marins, aux oiseaux migrateurs et la pêche à l’omble. La préparation des peaux, la fabrication des vêtements, la nuit polaire, la fête de Noël, les visites autour du thé en attendant le retour du soleil…
16 novembre 2020 – Darius Milhaud, Le Bœuf sur le toit, cent ans (1920-2020)
par Pierre Cortot, agrégé de lettres modernes et docteur de l’EHESS en sciences du langage (arts et littérature)
Emblématique des années 1920, Le Bœuf sur le toit garde l’atmosphère qui, au lendemain des massacres de la Grande Guerre, a révolutionné tous les domaines artistiques. En 1919, de retour du Brésil où il a séjourné deux ans (en tant que secrétaire de Claudel), Milhaud compose une pièce où la vitalité du carnaval brésilien s’exprime dans un langage nouveau.
Il avait d’abord pensé que cette partition accompagnerait les films de Charlie Chaplin, mais l’intervention de Jean Cocteau va la transformer en un ballet-pantomime fantaisiste, bouleversant toutes les conventions, où collaborent, outre Cocteau (en tant que scénariste et metteur en scène), Dufy et les clowns Fratellini.
La pièce (samba carnavalesque, dixit Milhaud), construite en forme de rondo, et qui porte comme titre le thème d’une rengaine brésilienne, est présentée au public en 1920.
23 novembre 2020 – France Bloch-Sérazin (1913-1943) dans la résistance parisienne
par Alain Quella-Villéger, agrégé d’histoire, docteur en histoire contemporaine
France Bloch-Sérazin, fille de l’écrivain poitevin Jean-Richard Bloch, s’engagea tôt dans le combat résistant (réseau Losserand, XIVe arrondissement), notamment comme chimiste chargée de la fabrication d’explosifs.
Arrêtée à Paris en mai 1942, elle fut condamnée à mort et guillotinée par les Nazis à Hambourg le 12 février 1943.
Trente ans de vie seulement, mais une existence passionnée et courageuse, une figure d’Antigone qui accomplit l’exceptionnel avec détermination et simplicité et permet de mettre en relief la participation active des femmes à la Résistance.
30 novembre 2020 – Où va le Brésil ?
par Maud Chirio, maîtresse de conférence à l’université de Paris-Est, Marne-la-Vallée
Jair Bolsonaro, Président du Brésil depuis janvier 2018, n’a jamais caché sa nostalgie de la dictature qui a sévi de 1964 à 1985 ; il a été élu entre autres avec le soutien du lobby du « bœuf et de la balle », celui des propriétaires terriens et des armes, et grâce à la complicité de juges qui mirent en prison l’ancien président Lula, favori des sondages, sous des accusations reconnues depuis fallacieuses. Il prétend en mars 2020 que ses qualités d’athlète lui permettront de se prémunir de la Covid-19, et ne fait rien pour aider son pays à affronter la pandémie. Il appelait encore récemment les Brésiliens à manifester contre le Congrès qui le mettait en difficulté.
Les défenseurs des droits humains sont régulièrement abattus. Les enseignants, les chercheurs, les universités sont menacés et privés de crédits, les habitants des favelas abandonnés à la violence policière.
Qui sont les forces qui le soutiennent ? Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Quelles sont celles qui essayent de le contrer ? Comment ? Où va le Brésil ?
7 décembre 2020 – L’expédition Lapérouse
par Bernard Jimenez, historien-voyageur et photographe
En 1785, Louis XVI lance sur les mers la plus formidable expédition scientifique de l’histoire de France, commandée par le comte de Lapérouse. Sur les frégates La Boussole et L’Astrolabe embarquent les meilleurs officiers, une dizaine de savants – astronomes, physiciens, naturalistes – et des artistes qui peindront paysages, animaux et plantes.
C’est à cette « académie flottante », si caractéristique du siècle des Lumières, que nous nous joindrons. Escale après escale, nous accompagnerons ces savants qui ont cartographié et inventorié le monde, qui ont fait des expériences de physique et de chimie au niveau de la mer comme au sommet des volcans et qui ont «inventé» l’anthropologie et l’ethnologie.
Depuis le départ du port de Brest jusqu’au tragique naufrage à Vanikoro, au milieu du Pacifique sud, nous revivrons cette exceptionnelle aventure humaine et scientifique en compagnie de Bernard Jimenez, ajoutant aux sources historiques sa compréhension des lieux et des évènements qui s’y sont déroulés.
14 décembre 2020 – Lafayette
par Laurent Zecchini, journaliste au Monde pendant 35 ans, professeur de journalisme à l’IEP de Reims, auteur d’une biographie de Gilbert de Lafayette.
Le conférencier nous restitue la dimension et la complexité d’un homme au destin épique : après avoir joué un rôle si singulier dans la naissance des États-Unis d’Amérique, il a été un personnage central des deux révolutions françaises (1789 et 1830), l’artisan de l’abdication de Napoléon, puis le porte-drapeau des luttes d’émancipation en Europe.
Grâce à une approche inédite des archives françaises et américaines, Laurent Zecchini nous dévoile un Lafayette débarrassé de la diabolisation et de l’idéalisation qui ont si longtemps brouillé son image.
Certes soucieux de sa gloire, il a été avant tout le héraut de la liberté, dans les combats de la guerre d’indépendance américaine comme dans le maelström de 1789 et au cours des Trois Glorieuses.
Par les valeurs qu’il a défendues, il incarne quelque chose de plus vaste que lui-même, des idées qui sont d’une surprenante modernité.