Rendez-vous lundi 15 h 00 à l’Eldorado, Saint-Pierre-d’Oléron,

pour la conférence hebdomadaire, ouverte à tous.

Abonnés : gratuit. Adhérents : 5 €. Non adhérents : 7 €

1/2 tarif pour les demandeurs d’emploi

Accès aux personnes à mobilité réduite

3 janvier 2022 – Franz Schubert et le septième art

par Michèle Lhopiteau-Dorfeuille, musicologue et cheffe de chœur

S’il vivait à notre époque, Franz Schubert appartiendrait – au même titre que les Ennio Morricone, Francis Lai, Wladimir Cosma, Maurice Jarre ou autre Michel Legrand – au cercle très fermé des compositeurs multimillionnaires. Un très grand nombre de ses œuvres, hélas la plupart du temps incognito, illustre en effet quelques-uns des plus beaux films de notre temps. Ces passagères clandestines des salles obscures ne méritent-elles pas d’entrer enfin dans la lumière ?

Venez les écouter et peut-être les découvrir avec Michèle Lhopiteau-Dorfeuille.


10 janvier 2022 – L’Afrique sur les « nouvelles routes de la soie »

par Christian Bouquet, professeur émérite de géographie politique à l’Université Bordeaux Montaigne, chercheur au laboratoire LAM de Sciences Po Bordeaux

Dans le Livre des Merveilles, Marco Polo raconte son voyage sur la « route de la soie » qui dura 24 ans entre 1271 et 1235. Mais cette route mythique, tracée il y a plus de 2000 ans entre la ville chinoise (actuelle) de Xi’an et la ville syrienne médiévale d’Antioche, était alors sur son déclin parce que la voie maritime des Grandes Découvertes allait supplanter les voies terrestres.

Au XXe siècle, la Chine réactive la légende, mais en lui donnant une coloration totalement matérialiste. Les « nouvelles routes de la soie » constituent le projet le plus abouti de mise en application des principes de l’économie de marché – c’est-à-dire du capitalisme – par un pays qui

se réclame toujours du communisme et ne cache pas son ambition de dominer l’économie mondiale.

En contrôlant les voies de communication, notamment maritimes et ferroviaires, et surtout les nœuds où celles-ci se croisent (ports, gares, le « collier de perles »), la Chine peut aller chercher les matières premières dont elle a besoin partout où elles sont produites, et diffuser en retour ses produits finis, dans une démarche néocoloniale et impérialiste qu’elle assume parfaitement.

Dans le traitement de ce sujet, un éclairage singulier sera réservé au continent africain, particulièrement vulnérable à l’offensive chinoise.

Christian Bouquet est l’auteur d’une centaine d’articles scientifiques et d’une dizaine d’ouvrages spécialisés dans les questions de géographie du développement et de géopolitique africaine.

Ses contributions au site The Conversation

 


17 janvier 2022 – L’expédition Lapérouse

par Bernard Jimenez, historien-voyageur et photographe

Bernard Jimenez parcourt le vaste monde depuis quarante ans, il est parti dans le sillage de Lapérouse, albigeois comme lui. En 1785, Louis XVI lance sur les mers la plus formidable expédition scientifique de l’histoire de France, commandée par le comte de Lapérouse. Sur les frégates La Boussole et L’Astrolabe embarquent les meilleurs officiers, une dizaine de savants – astronomes, physiciens, naturalistes – et des artistes qui peindront paysages, animaux et plantes. C’est à cette « académie flottante », si caractéristique du siècle des Lumières, que nous nous joindrons. Escale après escale, nous accompagnerons ces savants qui ont cartographié et inventorié le monde, qui ont fait des expériences de physique et de chimie au niveau de la mer comme au sommet des volcans et qui ont « inventé » l’anthropologie et l’ethnologie. Depuis le départ du port de Brest jusqu’au tragique naufrage à Vanikoro, au milieu du Pacifique sud, nous revivrons cette exceptionnelle aventure humaine et scientifique en compagnie de Bernard Jimenez, ajoutant aux sources historiques sa compréhension des lieux et des évènements qui s’y sont déroulés.


24 janvier 2022 – Pour une histoire transatlantique des musiciens Klezmer

par Jean-Sébastien Noël, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de La Rochelle

Une famille de klezmorim ukrainiens, 1825

Jean-Sébastien Noël nous propose de découvrir l’histoire des klezmorim, ces musiciens itinérants d’Europe centrale et orientale, dont l’histoire se confond avec celle des communautés juives de la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle. Bien avant que le terme de fusion n’ait cours, leur répertoire puisait déjà dans les traditions juives et tziganes aussi bien que dans le cabaret et le théâtre de boulevard. D’Odessa à New York, de Saint-Pétersbourg à Buenos Aires, de Kazimierz à Brooklyn, les traces que ces musiciens ont laissées permettent d’écrire une page d’histoire transatlantique et de réfléchir à la mutation d’une communauté qui est passée, en quelques décennies, de l’oralité à l’ère discographique et radiophonique.


31 janvier 2022 – Le modèle oasien à travers le Sahara et le Proche-Orient

par Vincent Battesti, chercheur en anthropologie sociale au CNRS

Des rapports réciproques et dynamiques lient les sociétés et leur environnement et sont médiatisés par les discours et les pratiques. Dans les oasis, l’environnement immédiat est un objet anthropique, construit de la main de l’Homme, toujours artificiel. On peut définir les oasis comme la combinaison d’une agglomération humaine et d’une zone cultivée (souvent une palmeraie) en milieu désertique. Les palmeraies sont des espaces à vocation agricole. Cependant, les jardins qui composent la palmeraie débordent du cadre strict de l’agriculture. Ils sont aussi des lieux d’innovation et de transmission de savoirs, des lieux d’ostentation et de production alimentaire, d’expression de la norme du groupe et de l’identité de la personne. Les jardins d’oasis sont également au centre d’enjeux de production, de diversité biologique… voire culturelle.


7 février 2022 – La gent animale dans les arts chinois : Jean de La Fontaine en Chine

Conférencier : Jean-Rémy Bure, professeur honoraire de culture et de communication

L’observation de la nature et, notamment, des animaux de toutes sortes qui la peuplent a produit dans toutes les civilisations des chefs-d’œuvre artistiques et artisanaux. La civilisation chinoise en est un exemple frappant et magnifique. Peintres, sculpteurs, graveurs sur bois, céramistes ont, tout au long des siècles, rendu hommage aux « hôtes de ces bois », des montagnes, des rivières et de l’air… Avec l’aide imaginaire de Jean de La Fontaine voyageant en Chine, nous allons découvrir les multiples façons par lesquelles les artistes chinois ont rendu la diversité des animaux. La Fontaine a vécu au XVIIe siècle, il aurait pu rencontrer l’empereur Kangxi qui a régné de 1661 à 1722, le règne le plus long de toute l’histoire de Chine. Cette promenade artistique attentive au sein de la nature en Chine nous laisse émerveillés devant la vie des mammifères, oiseaux, poissons, insectes, êtres vivants réels ou imaginaires…, et devant les œuvres que les artistes chinois de tous les temps ont su en tirer. Ce sera aussi un hommage à toutes les espèces vivant dans la nature que nous nous devons de protéger et de célébrer.


28 février 2022 – Voyage imaginaire en Irlande, seconde partie : De la cale aux émigrants à la fête de la St Patrick

par Emmanuel Lemare, guide-conteur nature et patrimoine, musicien et professeur de uilleann pipes

L’Irlande : ses racines gaéliques et ses monastères prestigieux, ses lacs et tourbières peuplés de fées et de cerfs géants, sa géographie magnifique et son histoire douloureuse, ses liens méconnus à la France, son sens de la fête, ses écrivains et poètes…

Après avoir invité Emmanuel Lemare avant la Covid pour la première partie de son Voyage imaginaire en Irlande, nous ré-invitons le conférencier-musicien pour la seconde partie du voyage : De la cale aux émigrants à la fête de la St Patrick.

On y découvrira l’exil des Irlandais vers la France de Louis XIV, la Grande Famine des années 1840 et l’émigration vers le nouveau monde, les rebellions du XXe siècle et la paix courageuse… Avec aussi des thèmes intemporels, la convivialité et l’humour, la profusion poétique et littéraire comme avec WB Yeats, évoqué en français et en anglais, sans oublier la musique et le chant entrelacés pour le plaisir du public.


7 mars 2022 – Naissance de l’écriture

par Christine Darmagnac, diplômée de l’Ecole du Louvre et de l’Institut d’Art et d’Archéologie de la Sorbonne, spécialiste de l’espace méditerranéen et du monde arabo-musulman

Née au IVe millénaire avant notre ère, en basse Mésopotamie et quelques siècles plus tard, en Egypte, sous une forme primitive, l’écriture répond d’abord à un besoin de comptabilité.

Puis, dans le contexte de l’essor des cités, indissociable du développement de l’administration, de sa hiérarchisation, répondant aux nécessités de la religion, de l’intensification des échanges commerciaux, l’écriture devient l’indispensable moyen de communication.

Son évolution conduit à une simplification du système graphique, passant de centaines de signes cunéiformes et hiéroglyphiques, aux quelques signes de l’alphabet.


14 mars 2022 – Pierre Choderlos de Laclos et l’éducation des filles au XVIIIe siècle

par Nicole Pellegrin, chargée de recherches honoraire au CNRS

L’auteur du fameux roman épistolaire intitulé Les Liaisons dangereuses ou Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres, par M. C*** de L*** (1782), publie aussi, l’année suivante, un traité De l’éducation des femmes.

Ces deux ouvrages, en apparence très dissemblables (forme et contenu), méritent d’être comparés et restitués, à la fois dans le parcours biographique de Laclos et dans le contexte des débats pédagogiques et politiques propres à la fin de l’Ancien Régime. Ils méritent plus encore d’être savourés et analysés pour leur valeur littéraire propre et la re-lecture des Liaisons est fortement recommandée.

portrait de Marie-Soulange Duperré, Madame Laclos, par Kucharski, 1786


21 mars 2022 – Botticelli, heureux printemps de la Renaissance. Douceurs et raffinements multiples, au cœur d’un art moins classique qu’il n’y paraît

par Fabrice Conan, historien de l’art

De sa naissance en 1445 à sa disparition en 1510, Sandro Botticelli va connaître Florence entre les Médicis et Savonarole, entre certitudes et révolution, entre doutes et réinvention. Ses tableaux semblent baignés d’harmonie et de douceur, ses personnages parfaits. Ils témoignent de l’Antiquité revisitée à la Renaissance, mais laissent aussi deviner l’empreinte d’un temps complexe. La savante richesse de son iconographie et les portraits, du grand Julien de Médicis au fanatique moine inquisiteur, nous dévoilent ce monde passionnant, en pleine mutation.

La Naissance de Vénus, Le Printemps, La Calomnie d’Apelle, sont autant de repères et d’images iconiques, reproduites parfois jusqu’à l’outrance. Un art lumineux pour une Florence tout en contraste.


28 mars 2022 – L’Hermione, une aventure maritime et humaine d’exception

par Guy Gautreau

1er mars 1780 : l’Hermione, frégate de 32 canons, quitte l’île d’Aix avec à son bord le marquis de La Fayette, chargé secrètement par Louis XVI d’aller annoncer au général Washington l’engagement de la France aux côtés des « Insurgents » américains.

Juillet 1997 : l’Association Hermione se lance dans la folle aventure, la reconstruction de la frégate historique. Il avait fallu 6 mois pour construire l’Hermione en 1779, il faudra 17 années de chantier, jusqu’en 2014, pour terminer sa réplique des temps modernes !

29 août 2015 : l’Hermione retrouve Rochefort, son port d’attache, au terme de 4 mois de croisière transatlantique à la voile le long des côtes américaines. Une formidable et parfois périlleuse odyssée menée par un équipage de 17 professionnels et 54 « volontaires » (moyenne d’âge, 29 ans, 30% de femmes). Trois histoires, trois aventures maritimes et humaines exceptionnelles…