Georges Simenon

Mireille et Michel, fins connaisseurs, nous ont proposé un excellent moment auprès de Georges Simenon, un auteur hors du commun. La vie de Simenon (1903-1989) est à elle seule une aventure nourrie de son précoce métier de journaliste, de son incroyable créativité de romancier, nouvelliste, et conteur, de ses innombrables rencontres, de ses liaisons et mariages, de ses voyages et de ses excès de toutes sortes. Simenon alias le Commissaire Maigret, Simenon face claire et face sombre, Simenon et les moult adaptations cinématographiques, Simenon en Pléiade, Simenon en Charente Maritime, bref, voilà de quoi susciter notre curiosité. Pour en découvrir davantage (biographie, archives, photos, filmographie, etc.), on ne manquera pas de visiter Le Centre d’études Georges Simenon et le Fonds Simenon de l’Université de Liège.

S’ils ont sans doute parcouru la quasi-totalité de son œuvre romanesque, Mireille et Michel ont aussi puisé dans :

  • Pierre Assouline : Simenon (Folio, 1996)
  • Michel Carly : Simenon et les secrets de La Rochelle (Omnibus, 2003)
  • Michel Carly : Simenon, les années secrètes : Vendée, 1940-1945 (Éd. d’Orbestier, 2005)
  • Michel Carly : Simenon et les femmes (Omnibus, 2011)
  • Michel Carly : Sur les traces de Simenon (Renaissance du Livre, 2017)
  • Simenon : Mémoires Intimes suivi de Marie Jo (Presses de la Cité, 2003)

Georges Simenon avait commencé très tôt à écrire ses mémoires, d’abord sous le titre « Je me souviens », puis publié une première partie, réécrite avec les conseils avisés d’André Gide, qui constitue le roman Pedigree (1952). Récit de son enfance à Liège, il était destiné à son fils Marc et lui a d’abord valu quelques procès en diffamation de la part de ses proches directement nommés ou aisément identifiables. Dans cette chronique du début du XXème siècle, « Tout est vrai, rien n’est exact » et Simenon le qualifie, à juste titre, de « chanson de geste pour petites gens ».

Paru en 1937, Le Testament Donadieu, est un des plus longs « romans durs » (ou « roman-roman »). C’est le terme qu’emploie Simenon pour distinguer « le vrai roman », celui du grand écrivain reconnu qu’il voulait être, du roman policier qu’il dit écrire avec plus de facilité. En effet, même si l’histoire débute avec le cadavre d’Oscar Donadieu, échoué dans la vase du Port de La Rochelle, et se termine avec deux cercueils au bout du Quai Vallin, le fil conducteur de ces quelque 450 pages est plutôt balzacien. A travers l’histoire réaliste du clan Donadieu, on découvre un Simenon habile portraitiste des bourgeois, des commerçants, des entreprises familiales (pêcherie et charbonnage) où les arrivistes côtoient les notables, où femmes et maîtresses subissent ou intriguent, où les machinations tentent de ne pas bousculer les convenances.

Même s’il est tout aussi sombre, « avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu », on a tous une préférence pour les quelque 150 pages de La Maison du Canal, un roman dur dans tous les sens du terme, mais finement tramé. Avec le personnage d’Edmée, la jeune orpheline venue de Bruxelles vivre entre ses deux cousins, les frères Van Elst, paysans bruts de décoffrage, Simenon croque la rudesse et les drames d’une famille du début du siècle.

Certes, les trois livres que nous avons évoqués sont à l’image pluvio-venteuse de la météo du moment, mais Simenon gagne à être découvert ou redécouvert ; alors peut-être, sur le conseil avisé de Mireille, lirons-nous Le Petit Saint, le dos bien calé sur une banquette du Café de la Paix…

Nous souhaitons à tous de bonnes fêtes de fin d’année et bien sûr de belles trouvailles littéraires à partager à la rentrée de janvier !

Agenda

Le 14 janvier 2020, Marina Salles présentera JMG Le Clézio, et nous parlerons du roman Alma (Gallimard, 2017).

 

 

Georges Simenon – Café littéraire du 10 décembre